Le Parfum de Thérèse / Internet

Le Parfum de Thérèse est un livre écrit par François Dorge, édité en avril 2012 aux éditions La Bourdonnaye ' Edition numérique. Le parfum de Thérèse, c'est une histoire écrite à deux mains, celles de deux soeurs ; c'est l'histoire d'un amour et d'une jalousie ; c'est pour la première fois une explication simple des raisons du charisme et de l'attirance. Pourquoi tout le monde aime-t-il donc autant Thérèse, et pourquoi Thérèse disparaît-elle ?



"Pourquoi lisons-nous ? Pourquoi la littérature fait-elle partie de notre vie ? Pour les histoires qu'elle raconte, souvent. D'ailleurs une littérature qui ne raconte pas d'histoire m'ennuie, en général. C'est une littérature qui se donne à voir, qui s'exhibe. Donc pour ses histoires parce qu'elles nous sortent de nous-mêmes, nous décloisonnent, nous emmènent un peu loin de nous.

Alors toute histoire nous transpose, toute histoire est bonne à prendre ? Peut-être. Sans doute pas. Le texte, comme la voix du conteur, comme une couleur ou un parfum, nous projette dans une intimité enfouie, un écheveau de souvenirs cachés ou conscients. C'est cette capacité du texte à parler à chacun son langage, à chanter sa chanson, à parler dans sa langue, qui est le propre de la création.

En somme, c'est sa capacité à nous faire voyager loin de nous par l'histoire, et en même temps de nous toucher, sans que l'on sache déterminer pourquoi. Pour ce qui me concerne, si une madeleine me rappelle précisément celle de mon enfance, elle m'ennuie, m'agace, ou pire, me pousse à un sentimentalisme niais. Non, mon bonheur est d'être plongé dans un je-ne-sais-quoi diffus, une réminiscence infime ; c'est de m'accrocher à un fil si ténu que la moindre obturation le casse, mais si vivant, qu'un rien le ranime.

C'est ainsi que la littérature nous permet de disparaître, nous échapper d'un réel connu, nous éloigner de nous, tout en nous conduisant à nos émotions fondatrices sans qu'on le sache ; et le bonheur est là. Cette envie de disparaître, d'être autre à soi-même, mais aussi ce bonheur intime d'être plongé dans les souvenirs protégés par les couches de mémoires anciennes, voilà ce que j'ai essayé de faire vivre dans le Parfum de Thérèse.

Thérèse a cette capacité miraculeuse à évoquer à chacun, par sa seule présence, par la mélopée de sa voix, par ses intonations, ses gestes, et surtout son odeur, plus que les souvenirs, les sentiments, les sensations, que nous gardons au plus profond de nous. Elle nous replonge instantanément dans l'état et l'excitation des sens qui nous ont forgés. Elle est la bibliothèque de Babylone des sens, où chacun trouve sans chercher, sans même le savoir, l'odeur, le bruit, l'impression constitutifs de son bonheur et de son équilibre.

Thérèse cependant disparaît, progressivement, pour une raison absolument surprenante. Elle ne s'en aperçoit qu'à peine, s'en effraie un peu, y prend goût en même temps, pendant que sa soeur, qui aurait sans doute voulu être l'autre, être Thérèse, la cherche.

Nos jeux d'enfants ne sont pas innocents. On dirait que. Cache-cache' Ardemment, adultes encore, nous rêvons d'être autre, d'être ailleurs, de disparaître. L'amour que nous portons à ceux qui nous entourent nous en empêche, la peur aussi, l'incapacité, mais, disparaître' Oh, ne pas mourir, ce qui est assez commun. Non, disparaître, pour reparaître autre et transfiguré' Reparaître immergé dans les sensations qui nous ont construits, ne plus abandonner jamais l'écoulement de l'eau dans le lavoir, le rideau léger soulevé par le vent, le ressac qui bat la grève.

Voilà en somme ce que fait la littérature, celle qui nous absorbe. Elle réalise cette alchimie véritable de nous éloigner de nous, par l'histoire, en même temps qu'elle nous emmène dans un monde absolument intérieur, indicible et peu partageable, par les échos conscients et inconscients qu'elle provoque. Finalement, ma Thérèse du parfum est sans doute l'incarnation de la création artistique." Article écrit par François Dorge, auteur de « Le parfum de Thérèse », publié aux éditions « La Bourdonnaye », le 16 avril 2012.


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